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Journée mondiale du braille : quels usages aujourd’hui pour cette écriture ?

 

Depuis 2001, le 4 janvier a été déclaré « Journée Mondiale du braille », pour célébrer la naissance de Louis Braille, l’inventeur de cette écriture destinée aux personnes mal et non-voyantes. Si le procédé date des années 1800, qu’en est-il aujourd’hui de son usage, notamment à l’ère du numérique ? Nous faisons le point, avec le témoignage de Francis Rocher, formateur malvoyant en informatique adaptée à l’UNADEV, au centre régional de Toulouse.

Un homme aveugle pose ses mains sur un livre transcrit en braille

Un livre transcrit en braille

Une invention à la fois universelle et innovante

C’est tout jeune, dès l’âge de 16 ans, que Louis Braille développe ce procédé d’écriture en relief permettant ainsi aux personnes aveugles de lire et d’écrire. Une grande avancée réalisée dans les années 1800 (voir ici notre article détaillé sur la naissance du braille).

Francis Rocher, malvoyant et formateur à l’UNADEV, souligne la pertinence de ce procédé : « Louis Braille a le mérite d’avoir pensé une 1ère écriture qui pouvait être lue par les non-voyants mais aussi utilisée comme une écriture, en cela c’est très utile. Avant il s’agissait de gros caractères en bois, comme en imprimerie, qu’on mettait les uns contre les autres. Or pour écrire un texte c’était très compliqué… »

Le braille n’a pas de frontières : c’est une écriture universelle, utilisée dans toutes les langues, tant pour les textes que pour les mathématiques ou la musique. De nombreux objets ou appareils (montres, jeux de société, ascenseurs, ordinateurs…) sont, grâce au braille, adaptés à l’usage des personnes aveugles.

Pourtant, il n’est pas utilisé automatiquement par toutes les personnes aveugles. Il y a notamment une question d’affinité avec l’écriture (utiliser un système « vocal », plus moderne, est plus pratique pour certaines personnes).  Tout dépend aussi comment les personnes ont appris le braille (certaines très jeunes). 

Le braille, un outil que la personne aveugle adapte précisément à son besoin

Si Francis Rocher a appris le braille tout petit, en maternelle, alors qu’il était en institut spécialisé pour jeunes aveugles, il témoigne que c’est aujourd’hui pour des besoins très précis qu’il l’utilise : « Pour lire des boîtes de médicaments par exemple, mais il m’est très utile aussi pour des activités comme le théâtre, que je pratique. En effet, je me fais transcrire mes textes en braille, c’est pour nous les non-voyants la seule façon de pouvoir véritablement prendre connaissance d’un document quand on n’a pas d’ordinateur ou de magnétophone à côté de nous ».

Francis Rocher devant le showroom de Google

Sur la droite Francis Rocher, formateur UNADEV lors de la visite au showroom de Google.

Au centre de Toulouse, comme dans d’autres centres UNADEV, des transcriptions braille sont réalisées au cas par cas selon les demandes, comme l’explique Nadia Merabtene, assistante administrative : « Le braille a beaucoup d’importance pour une partie de nos bénéficiaires déficients visuels, notamment les plus âgés, qui sont très attachés à cette écriture. Il y a aussi comme chez les personnes voyantes, des personnes qui sont plus attachées au papier qu’à l’informatique. Celles-ci nous demandent alors par exemple la transcription d’un livre en braille. »

Pour le quotidien mais aussi dans le monde professionnel

Avec l’avènement des outils technologiques, le braille est parfois délaissé au profit des appareils vocaux, très pratiques pour les personnes aveugles, à l’instar des nouveaux assistants vocaux (Google Home, Alexa d’Amazon etc.).

Un homme aveugle utilise une plage braille pour son ordinateur avec un casque sur la tête pour la synthèse vocale

Utilisation d’un ordinateur avec une plage braille et une synthèse vocale

En tant que formateur en informatique, Francis connaît bien ces nouveaux outils. Il explique comment il utilise le braille dans des cas précis : « J’utilise beaucoup moins le braille au quotidien que le vocal, même si j’ai appris le braille petit. Les personnes qui deviennent non-voyantes tardivement, vers l’âge de 40 ou 50 ans, ont elles aussi tendance à préférer des nouveaux outils plus modernes, comme les assistants vocaux. Je travaille d’ailleurs sur un projet avec la Google Home, dans le cadre d’un partenariat de la marque avec l’UNADEV. Les téléphones eux aussi, ont beaucoup évolué et permettent de réaliser beaucoup de tâches sans une utilisation indispensable du braille ».

Au niveau des repérages qu’une personne met en place à son domicile, le braille se perdrait peu à peu au profit d’objets plus modernes, comme par exemple le penfriend, un stylo lecteur et étiqueteur vocal. La personne enregistre ses propres étiquettes vocales auto-adhésives et les appose sur des objets chez elle. « On passe le stylo sur les objets, et il nous dit vocalement ce qu’on a enregistré. Cela va beaucoup plus vite que tout écrire en braille », explique Francis.

Une main utilise le stylo penfriend pour lire une étiquette posée sur une boîte de conserve

Le stylo Penfriend, un lecteur d’étiquettes parlant, utile pour les personnes aveugles

D’un autre côté, paradoxalement, certains nouveaux métiers du numérique exercés par des non-voyants nécessitent de manière indispensable la pratique associée du braille. Francis nous parle notamment des étudiants en programmation informatique (certains sont ses élèves) : « on leur apprend le braille car dans les universités ou écoles supérieures ils utilisent les ordinateurs et des plages braille. Une synthèse vocale qui lirait le texte sur l’écran d’ordinateur, avec des lignes de programme comprenant des virgules, des parenthèses et autres symboles spécifiques, c’est très très lourd… La formation au braille est alors indispensable. »

Il y a d’autres avantages à utiliser le braille dans son poste de travail : « Avec le système vocal, associé au braille à côté, on se rend mieux compte de la mise en page qu’on fait sur un texte. Le système vocal nous lit un titre, grâce aux aides techniques spécialisées, mais on peut avoir besoin de vérifier le texte lu par la synthèse vocale. Si on a le braille à côté c’est bien, on peut contrôler lettre à lettre. Mais ce sont des cas spécifiques. »

L'assistant vocal d'Amazon, un outil récent utile pour les personnes déficientes visuelles

L’assistant vocal d’Amazon, un outil récent utile pour les personnes déficientes visuelles

S’ajoute à cela une autre distinction à faire entre les personnes qui utilisent le braille abrégé et celles qui utilisent le braille intégral. Pourquoi le braille abrégé ? Comme l’indique le site enfant-aveugle.com, « une cellule braille a la taille de la pulpe de l’index. Ainsi, un simple mot prend une taille importante. Le braille intégral est donc « encombrant ». De plus une vision d’ensemble est impossible. Le braille abrégé est donc appris pour remédier à ces deux contraintes, c’est un gain de place et de rapidité de lecture ».

Francis Rocher précise que « le braille abrégé se perd parce qu’en informatique, si on n’abrège pas exactement à la lettre près ou au symbole près, le mot affiché sera complètement faux, l’intégral est donc beaucoup plus utilisé. »

Le braille, une aide parmi beaucoup d’autres…

Il est courant que le braille soit présenté aux personnes aveugles comme une solution toute trouvée, voire unique, alors qu’il existe de nombreux autres outils pour les aider. Un constat fait par Francis, notamment lorsqu’il a séjourné dans un service de soins de suite et de réadaptation en basse vision, qui accueille des adultes en situation de handicap visuel. « Le braille ne doit pas être présenté comme la solution unique par le corps médical, il faut aussi parler des aides techniques qui existent, et il y en a. »

Francis a aussi pu constater que beaucoup de personnes aveugles « continuent à apprendre le braille par curiosité ». 

Le braille à l’UNADEV

Grâce à notre Centre de Formation Adaptée, nous proposons des cours de braille dans divers centres régionaux UNADEV. Par ailleurs, nous disposons d’un pôle de transcription braille. Ce service  assure la production de documents sur mesure en braille. La transcription de documents se fait en braille intégral ou abrégé (étiquettes, plaquettes, bulletins d’information, documents de travail,…).

Un cyberbraille est basé en région Nouvelle-Aquitaine, à Bordeaux. C’est un espace public numérique (EPN) équipé d’ordinateurs adaptés, de scanners, de plages et d’imprimantes braille. L’accès y est libre et chacun peut choisir de travailler en autonomie ou en tutorat avec un animateur multimédia. Régulièrement cet espace accueille nos fournisseurs de matériels adaptés pour des démonstrations et nous y animons également des ateliers autour des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Quel avenir pour le braille ?

L’émission “A vous de voir” sur France 5, dont nous sommes partenaires, faisait un point en 2016 sur ce sujet (émission du 3 octobre). Quelles sont les pratiques du braille à ce jour, serait-il amené, à terme, à disparaître ? Emission “A vous de voir” sur le braille à retrouver ici.