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Paroles de déconfinés : des bénéficiaires de l’UNADEV témoignent

 

Après 2 mois de confinement et de nouvelles habitudes mises en place, les personnes déficientes visuelles doivent maintenant faire face au déconfinement et à ses gestes barrières. Mais comment fait-on lorsqu’on est non- ou malvoyant pour les appliquer ? Peut-on pour ces personnes réellement parler d’une forme de liberté retrouvée ?

Déconfinement

Le 11 mai dernier, la France a entamé sa première phase de déconfinement. Une date très attendue après une période d’isolement et de fortes contraintes sur le quotidien, en particulier pour les personnes aveugles ou malvoyantes.

De nouveaux changements pour les bénéficiaires de l’UNADEV donc, qui commençaient à trouver leurs marques dans le confinement comme ils nous l’avaient confié dans un précédent article : « Paroles de confinés, des bénéficiaires témoignent ».

Recherche de nouveaux buts à atteindre, liberté limitée, équipements à s’approprier, distanciation sociale, nous les avons suivis dans cette nouvelle étape au cœur d’une crise sanitaire planétaire.

Déconfinés, pas tout à fait…

Pour de nombreux Français, le simple fait de pouvoir sortir en diminuant les contraintes a été libérateur. Néanmoins, retrouver « la vie d’avant » semble être encore loin pour d’autres. Anouar El Fakiri, bénéficiaire de l’UNADEV à Marseille, ne se sent pas déconfiné : « Il n’y a pas beaucoup de motifs pour sortir. Vivement qu’on revienne comme avant, là il n’y a plus de festivals, plus de Jeux Olympiques, plus de matchs de foot… ». A Marseille, on se réunit dans les terrasses et les cafés pour l’OM ou pour l’Equipe de France, c’est une institution.

Pour Hélène Villars de Pau, les évènements sont encore trop frais pour pouvoir oublier ce qu’il s’est passé : « Même si on n’est pas tout à fait d’accord avec ce qui est mis en place, il vaut mieux être trop prudent et avoir un bel avenir, plutôt que de vouloir tout faire maintenant et qu’on soit reconfinés. » Pas de shopping ni de retrouvailles, elle s’en tient au strict nécessaire.

Des gestes barrières à adapter

Les fameux gestes barrières font aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien. Se protéger, protéger les autres, rester à distance, ne pas se toucher, porter un masque… autant d’actions qui peuvent être contradictoires avec les habitudes des personnes déficientes visuelles.

Christine Sadernac à Marseille ne sort presque plus sans être accompagnée : « Je ne sors pas toute seule parce que, comme je ne vois pas les gens, je ne veux pas qu’ils stressent en me voyant passer, comme il faut garder des distances. Je suis quand même allée chez ma boulangère, mais quand je suis rentrée dans le magasin je lui ai demandé s’il y avait du monde avant d’avancer. En tout cas, je ne vais pas aller explorer de nouveaux commerces. »

« En plus pour aller faire les courses, les 1 mètre, les parcours (fléchés), si on n’est pas accompagné c’est encore plus compliqué » explique Michèle Oddone, adhérente de Pau. Elle ajoute que pour son chien-guide, Orion, le fait de devoir porter un masque lors des sorties et de ne pas voir le visage de sa maîtresse a perturbé son travail. Elle a dû appeler son éducateur.

Concernant le port des masques tous sont d’accord sur un point : le porter pendant plusieurs heures est désagréable, voire insupportable !

Ces nouveaux gestes ont cependant de bons côtés, comme l’a remarqué René Commes à Perpignan : « Au marché je trouve que c’est plus propre, les gens sont plus disciplinés, ça a du bon. Pour les marchands de légumes par exemple, avant vous vous serviez, les gens touchaient avec les doigts, là on nous sert moi je trouve que c’est mieux ! Les gens respectent le 1 mètre, il y avait trop de désordre ça manquait un peu. »

La solidarité avec les personnes déficientes visuelles

Anouar et Michèle l’ont remarqué : les personnes qu’ils croisent sont plus craintives et parlent moins à cause des masques. Pour les personnes déficientes visuelles, qui comptent parfois sur la solidarité des passants pour les aider dans leurs déplacements ou leurs courses, la distanciation sociale et la peur du virus sont un frein à l’inclusion sociale.

Christine le rappelle non sans humour : « Déjà en temps normal les gens ne savent pas s’y prendre avec les personnes non-voyantes donc vous imaginez en ce moment ! Panique à bord ! »

La plupart des associations consacrées au handicap visuel sont toujours fermées, et maintiennent le lien avec leur public à distance. « On a les ateliers dématérialisés mais ce n’est pas pareil, explique Anouar, quand tu as rendez-vous dehors tu te prépares, tu t’habilles, ça te maintient, là on a l’impression de réapprendre à marcher ! Ça serait bien de rouvrir l’UNADEV dès que possible… »

Michèle se sentait plus à l’aise en confinement, « J’avais réglé ma vie tranquillement. Il y avait pas mal de choses que je faisais, pas mal de tutos, j’ai l’impression que je créais beaucoup plus en confinement : muscu, musique, dessin… Tout ce qui s’était mis en place s’est arrêté d’un coup avec le déconfinement. »

C’est pourquoi l’association Voir Ensemble a lancé une campagne de sensibilisation sur les gestes solidaires. Jacques Charlin, le Président de l’association, précise que « les personnes déficientes visuelles ne sont pas plus contagieuses que les autres », et nous explique ces gestes à conserver à leur égard :

Geste solidaire 1 : aider aux déplacements
Je vois une canne blanche ? Je propose mon aide pour le déplacement.

Geste solidaire 2 : rompre l’isolement
Je connais une personne déficiente visuelle ? Je prends de ses nouvelles.

Geste solidaire 3 : aider pour les courses
Alors que les personnes déficientes visuelles utilisent fréquemment le toucher pour faire leurs courses en toute autonomie, la situation actuelle va donc les impacter dans ces gestes du quotidien.

Geste solidaire 4 : la solidarité est contagieuse
Notre handicap n’est pas contagieux mais la solidarité oui !
Ne confinons pas l’entraide, la solidarité est notre force pour sortir ensemble de cette pandémie.

Le déconfinement est une étape supplémentaire pour les personnes déficientes visuelles, demandant de la patience et des efforts d’adaptation. Mais, si le respect des règles de distanciation s’impose à tous, il est aussi de la responsabilité de chacun de maintenir des efforts d’inclusion envers les personnes aveugles ou malvoyantes.

Les témoignages audio en podcast

Michèle Oddone, nous raconte comment tout ce qu’elle avait mis en place pendant le confinement s’est arrêté au moment du déconfinement.

Anouar El Fakiri, nous explique qu’il a du mal à se sentir déconfiné. Il n’y a selon lui pas de véritables motifs pour sortir.

Hélène Villars, tient à rester encore prudente durant cette période de déconfinement. Pas de retrouvailles, ni de shopping, elle s’en tient au stricte nécessaire.