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Le sport, un ami qui vous veut du bien.

 

jeune femme qui cours les yeux bandés avec une guide

Les déficients visuels représentent environ 10 % des affiliés de la fédération Handisport. Ne pas voir n’empêche pas la pratique sportive, et ce jusqu’au plus haut niveau. Au-delà des bienfaits physiques, c’est un vecteur de lien social, donc un plus dans un monde où valides et handicapés peinent encore à se mélanger.

« Je prends beaucoup de plaisir ! » Quand on interroge Simon Arnaud sur ce qui le motive à faire du sport, c’est la première réponse qu’il donne. Complétée immédiatement par sa mère, qui évoque « l’équilibre physique et mental, un meilleur sommeil… ». À 24 ans, le jeune homme, aveugle de naissance et qui cumule deux autres handicaps – il est malentendant et souffre d’une déficience mentale – a déjà touché à beaucoup de sports comme le cyclisme, l’escalade, la randonnée, le ski de fond et de piste et la natation qui lui a d’ailleurs valu d’être 5 fois médaillé en championnat de France entre 2008 et 2012.

Mais, au-delà des bienfaits qui touchent chacun, de la sensation de plaisir due à la libération de dopamine pendant et après l’effort[1] , jusqu’à la souplesse et l’endurance, pourquoi faire du sport quand on est déficient visuel ? « Parce que la pratique, qui implique une sur-sollicitation des sens, l’ouïe et le toucher notamment, et du corps, permet d’améliorer la perception, de visualiser mieux l’espace, sa profondeur, les distances… », explique Joël Gaillard, au regard des travaux qu’il mène à l’université de Lorraine. « Toute activité sportive qui permet de se centrer sur les sensations proprioceptives améliore de façon considérable ces dernières ».

La sensibilité proprioceptive, qu’est-ce c’est ? Celle qui permet d’avoir conscience de la position et des mouvements de chaque segment du corps et permet au système nerveux d’ajuster les contractions musculaires pour les mouvements et le maintien des postures et de l’équilibre.

Vecteur de lien et d’ascension sociale

Résultat, résume le chercheur, la pratique impacte sur le quotidien : « meilleure gestion des déplacements dans la rue, des obstacles… ça permet de défragmenter cette perception qui, justement chez un déficient visuel est fragmentaire, et d’organiser de façon plus efficace la motricité ». Et donc d’améliorer l’autonomie.

Mais le sport est aussi source de bienfaits psychologiques et sociaux. Et le plaisir évoqué par Simon n’est d’ailleurs pas que physique. C’est aussi celui de « rencontrer d’autres personnes, d’autres lieux, nouer des amitiés. Et j’aime l’ambiance [en compétition, NDLR], la cérémonie d’ouverture, quand on fait le tour du bassin… », égrène le jeune homme. « Ça me permet de ne pas rester toute la journée dans mon coin ! » En fait, Joël Gaillard le résume bien, c’est « s’autoriser à exister ». Et à « participer à la société en tant que citoyen ». Sachant que cette intégration en permet une autre plus élargie car, « par l’intermédiaire de ce groupe, on accède à d’autres activités, d’autres rencontres ».

Même constat de Julien Zelela, qui a pu renouer avec sa passion du foot au club de cécifoot de Saint-Mandé, le premier créé en France et dont il est le président[2], passion qu’il avait dû abandonner enfant, lorsqu’il a perdu la vue. En avril 1992, il découvre ce sport, qui se pratique alors avec des ballons entourés de sacs pour faire du bruit et remplacés depuis par des ballons équipés de grelots. Et retrouve ainsi « les joies de pratiquer en équipe. »

2 joueurs de cécifoot

Un moyen de comprendre les codes pour bien vivre ensemble

Au-delà de l’intégration, le sport permet aussi de renouer avec l’estime de soi et la confiance, parce que la pratique permet de prendre conscience que déficience n’est pas incompatible avec performance. Performance d’autant plus gratifiante que la société valorise les sportifs. Julien Zelela parle de

« vecteur d’ascension sociale ».

Et c’est avec fierté qu’il évoque la retransmission, pour la première fois en direct sur France Ô, de la finale de cécifoot Brésil-France disputée aux Jeux paralympiques de Londres, les joies au retour, lorsque les joueurs ont été sollicités par les médias, lorsqu’ils ont été décorés de l’ordre national du mérite.

Pour autant, ce qu’il retient surtout, comme beaucoup d’autres, c’est que ces pratiques, qui impliquent une mixité – au cécifoot, goal, coach et arbitre sont voyants -, permettent de trouver « les codes du bien vivre ensemble ». « Les voyants voient ainsi naturellement comment on fonctionne. Et l’inverse est vrai aussi car les déficients visuels ont souvent peur de pratiquer avec des valides. C’est un message puissant : le sport est un excellent moyen de créer ces liens ». Et de se sentir comme les autres. « On est juste des footballeurs », insiste celui qui s’occupe aussi de la commission football à la Fédération française Handisport. « Certes avec un handicap », mais des footballeurs avant tout.

[1] Au bout d’environ 30 minutes de sport modéré, le taux de dopamine est 4 à 5 fois plus élevé que le taux normal.

[2] Aujourd’hui, il y a une vingtaine de clubs en France et la discipline est inscrite comme sport de compétition depuis 1998.

Retrouvez l’intégralité du dossier sur le sport dans notre magazine Lumen #7.