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Interview de Fançoise Casile coach de mannequins malvoyants

 

 
Dans le cadre du défilé de mode « Un autre regard » qui aura lieu le 10 avril prochain à Villeurbanne, nous avons interrogé Françoise Casile, coach de ces mannequins pas comme les autres:
 
Metteuse en scène et professeur de théâtre de profession, vous vous retrouvez pour la deuxième fois consécutive coach au défilé « Un autre Regard » organisé par l’UNADEV. Parlez-nous un peu de votre rôle dans ce projet.
 
Pour ce qui concerne le défilé, je coach pour la mise en scène. Je gère à la fois les créateurs, les stylistes, leurs demandes particulières, les mannequins avec leur handicap, leur fragilité et aussi les demandes de l’UNADEV et de la mairie. Je suis un peu le point central, j’essaye de mettre en relation tous ces univers différents, toutes ces sensibilités différentes. Mon rôle, c’est de créer un spectacle avec toute cette matière-là. Pour les mannequins, je leur apprends à marcher, à gérer l’espace, à gérer leur équilibre… C’est tout un travail de fond qui va leur permettre d’avoir une certaine autonomie sur scène et d’avoir une attitude élégante, esthétique et positive.
 
Comment procédez-vous pour travailler avec les déficients visuels ? Y a-t-il des précautions à prendre ?
 
On travaille énormément sur l’espace et les déplacements avec des exercices. On doit gérer des choses dont les gens n’ont pas conscience parce que c’est très abstrait, comme l’équilibre et la confiance en soi. L’année dernière, on était sur un plan plat, comme un défilé classique au milieu des gens, il n’y avait rien qui pouvait les entraver. Cette année, on est sur une scène, donc c’est très différent. Le travail a été beaucoup plus difficile parce qu’il y a des escaliers et qu’ils doivent passer dans les coulisses. Mais bien entendu pour moi, la priorité, c’est la sécurité. Je me suis rendu compte qu’il y avait deux-trois mannequins qui avaient plus de difficulté que les autres pour le défilé, alors j’ai formé trois petites filles pour les guider sur scène. Toute une équipe de bénévoles sera également dispersée un peu partout, dans les escaliers et les coulisses pour assurer la sécurité. Sur le plan matériel, on a des bandes de guidage et des bandes podotactiles pour guider les mannequins.

« Une énergie humaine incroyable »

Ce projet permet aux apprentis mannequins de défiler sur scène certes, mais considérez-vous qu’un changement opère également dans leur vie quotidienne ?
 
Oui bien sûr ! Je travaille pas mal avec le handicap en règle générale, et ce qui nous a tous réunis, les bénéficiaires, l’UNADEV et moi-même, c’était la volonté de ne pas tomber dans le misérabilisme. On voulait surtout montrer que les aveugles sont des personnes à part entière, qu’ils ont un handicap certes mais qu’ils ont les mêmes droits, les mêmes devoirs que tout le monde et qu’ils peuvent tout à fait faire les mêmes choses. Partant de ce principe, il fallait que je leur apporte ce travail de confiance en soi, d’équilibre et de gestion de l’espace, qui sont essentiels pour le défilé mais qui peuvent aussi leur servir dans la vie quotidienne. Par exemple, l’année dernière, un des bénéficiaires de l’UNADEV ne pouvait pas se diriger autrement qu’avec son chien-guide; et cette année, il arrive à traverser la scène, à présenter les modèles, sans même de canne! Les progrès qu’ils ont faits sont hallucinants, et cela va bien au-delà du défilé. D’ailleurs, certains mannequins me disent eux-mêmes que les exercices que je leur ai donnés l’année dernière leur servent dans la vie.

Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler avec l’UNADEV pour ce projet ?
 
J’aime relever les challenges, et celui-ci en est un! J’adore créer des passerelles entre les univers différents. A travers mon travail et les personnes que je rencontre à mon travail, je me suis rendu compte que les gens ne se connaissent pas, que l’on vit tous dans des mondes parallèles. Il y a des gens qui n’ont jamais rencontré une personne malvoyante, des gens qui n’ont jamais rencontré une personne handicapée mentale, moteur… La différence fait peur. Les personnes qui n’ont pas de handicap ont souvent peur du handicap et inversement; les personnes qui ont un handicap ont aussi peur et peuvent se renfermer sur eux. Ces univers-là ne se rencontrent pas et ce que j’aime par dessus tout c’est justement de créer des passerelles entre eux parce que même s’ils ne se rencontrent qu’une seule fois, pour ce défilé par exemple, ils ne verront plus jamais le handicap de la même façon. C’est très important pour moi de créer cette passerelle parce qu’elle existe et qu’on peut la traverser et faire avancer les choses. L’année dernière, il y avait une énergie humaine incroyable parce que tout le monde se sentait concerner et que dans ce cas-là, on ne peut plus ignorer le handicap.