La psychomotricité au service des personnes en situation de handicap visuel
Près de 15 000 psychomotriciens et psychomotriciennes exercent en France. Ils accompagnent les personnes vers l’appropriation de leurs corps et leur environnement en prenant en compte l’être humain dans sa globalité, corps, esprit et émotions.
Nadège Roussillon, psychomotricienne dans le Vaucluse, nous explique son rôle auprès de personnes déficientes visuelles. Elle travaille au sein de l’association de réadaptation et de réinsertion pour l’autonomie des déficients visuels (ARRADV), une structure associative rattachée au service d’accompagnement médico-social des adultes handicapés (SAMSAH).
Pour quel motif une personne en situation de handicap visuel vient-elle vous consulter ?
En tant que psychomotricienne, ma mission est de dépister, prévenir et accompagner les perturbations des fonctionnements psychomoteur, psychique, mental chez l’enfant et l’adulte. En devenant déficient visuel, quel que soit l’âge, la personne perd son principal appui, car tout le bagage corporel et psychomoteur est basé sur la vision. Il faut donc apprendre à se représenter l’espace, son corps, le mouvement sans appui visuel. Et cela peut générer beaucoup de stress et d’anxiété.
Comment accompagnez-vous les personnes ?
J’interviens à domicile ou en structure autour des trois sphères ; la sphère de la motricité en améliorant la conscience corporelle, la stabilité posturale ou la proprioception, la sphère cognitive, la représentation dans l’espace et la compréhension du mouvement ainsi que dans la sphère émotionnelle par la relaxation ou le yoga. La psychomotricité envisage l’être humain dans sa globalité. On travaille avec le corps, mais on travaille sur le mental et les émotions. Car tout est lié, il faut donc réharmoniser l’ensemble afin d’aider les personnes à retrouver un équilibre sensori-moteur, améliorer la qualité de vie des personnes chez elles et les accompagner vers davantage d’autonomie.
Peut-on prendre rendez-vous directement avec une psychomotricienne ?
L’accompagnement en psychomotricité fait suite à une prescription du médecin traitant ou de l’ophtalmologue. Il est très important de faire connaître notre accompagnement, car certains médecins n’ont pas encore le réflexe « psychomotricité ». Le médecin va remplir le document administratif CERFA, déposer le dossier à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) qui orientera vers nos services. La prise en charge est totale. Notre accompagnement dure entre 3 et 6 mois, nous construisons les séances avec chaque individu en fonction de ses besoins.
Pouvez-vous nous donner un exemple de relaxation que vous préconisez pour réharmoniser le corps et le mental ?
Une des relaxations que j’aime bien utiliser est la cohérence cardiaque, car celle-ci est facile à mettre en œuvre. Je commence par faire prendre conscience de la respiration en expliquant comment fonctionne le diaphragme, muscle très puissant de la respiration qui sépare l’abdomen du thorax. Les personnes sont invitées à percevoir dans leur corps les mouvements de la respiration, cela permet d’être attentif et de se centrer. Nous expérimentons ensuite la cohérence cardiaque, une respiration lente et ample sur un rythme régulier. J’utilise une bande audio créée spécialement par un musicothérapeute avec lequel je travaille. Et cela illustre bien la façon dont les psychomotriciens fonctionnent, toujours en partenariat avec les autres spécialistes, ergothérapeutes, psychologues, instructeurs en locomotion…